2011/09/22

Anime & Tactiques


Cet article se veut un second regard sur un système de jeu que j’ai écarté un peu trop rapidement au premier abord : Anima Tactics. Depuis longtemps, je choisis mes wargames en fonctions de l’esthétique en premier lieu, suivit des règles. Donc, à l’époque, je me suis détourné de Anima Tactics après un gros regard de 5 secondes sur le "artwork" de la couverture du livre de règle. Je ne sais pas pour vous, mais quand j’ai vu les personnages féminins hypersexualisés que l’on y retrouve, je me suis tout de suite dis que ça ne valait probablement pas un clou. Ça doit venir de mon fond. C’est comme si le jeu se voulait un ramassis de stéréotypes Manga de mauvais goût pour adolescents solitaires, nerdy et en poussé d’hormones.

 Genre...

Toutefois, j’avais quand même pris le temps de regarder les 2 "starter sets" disponible (Light & Dark) histoire de lui donner une ultime chance. Sur les 4 figurines, une me semblait « correcte » et les autres sans intérêt. Il ne m’en a pas fallu plus pour laisser tomber. Sans même me donner la peine d’aller voir les autres figurines disponibles en ligne…

…puis, arriva Otakuthon.

fffa-PAK! Otaku-strike!

Immergé dans cette orgie de cosplay qui encadrait à la perfection la thématique d’Anima Tactics, j’ai pu recevoir un topo des règles ainsi qu’une démo du jeu en question par l'un des rares joueurs de la métropole. De plus, le gentilhomme avait apporté avec lui une sélection de figurines qui ma foie, a retenu mon attention !

Ce jour là, j’ai découvert un bijou. Désolé de t’avoir jugé trop vite, Anima Tactics…

Peu de temps après, je me suis procuré le livre (sagas I et II) pour le dévorer d’un bord à l’autre trois ou quatre fois. Ce qui suit est ce que je retiens de cette partie démo et de ma lecture :
« C’est très bon. »

Samiel the Black Lion, Dark Faction, Holy Empire

Premièrement, le livre est d’excellente qualité. 200 pages couleur. Bon papier. Lustré. Couverture ridige. On y retrouve les règles, tous les personnages des 2 premières sagas, l’histoire des factions et de tout un chacun, une section hobby et un nombre impressionnant de belles illustrations.



Hujaku Hime, Light Faction, Wanderers

Il s’agit ici d’un jeu de Skirmish à activation alternée (j’active 1 modèle, mon adversaire fait de même, j’en active un autre, lui aussi, etc). Les parties demeurent petites, on parle de forces composées de 2 à 10 personnages (5 ou 6 = la norme, 10 = vachement intense). Les tailles des parties sont prédéfinies  (il y a 6 niveaux de jeux) et chaque niveau apporte quelques options supplémentaires (et non pas juste plus de points pour prendre plus de personnages).  Chaque personnage est unique et possède ses propres règles spéciales. Il y en a plus de 90 de sorties (avec ceux en ligne, qui seront dans la 3e « saga »).

Marchosias, Dark Faction, The Church

Les règles de bases sont assez simples, tout en étant permissives : en plus des actions de bases comme se déplacer et attaquer ou lancer un sort, on retrouve une palette d’options intéressantes qui rappellent  les « push /slam/throw » de Warmachine. On ajoute aussi des éléments plus pétés, comme faire des attaques en hauteur (attaque « Dive Bomb » !), se cacher comme un ninja, grimper et sauter (manque juste « nager »). On peut aussi réagir à l’ennemi, soit tenter d’esquiver un coup ou d’intercepter un projectile ou une charge (ex : votre mage ultra-squishy est la cible d’un sniper, eh bien un personnage plus endurant peut tenter de se placer dans la trajectoire de la balle).

Konosuke, Dark Faction, Sammael

À la base, chaque personnage a un « pool » de points d’action et chaque chose que vous pouvez faire a un coût bien définie (éviter un coup = 1 point, marcher = 1 point, courir ou attaquer = 2 points, charger = 3 points, etc). À chaque tour, les personnages récupèrent une partie de ces points (formule très, très intéressante de « cool down » ici). Les règles de bases sont bien montés et très simple à se rappeler (il y a 40 pages de règles) et le livre vient avec une belle « cheat sheet » clair et concise.

 
Grimorium, Neutral Faction, Wissenschaft

De plus, les personnages apportent leur lot de règles spéciales, qui sont des actions spécifiques à eux-mêmes (on parle d’entre 2 et 4 pour un personnage normal et 5-7 pour un personnage dit « Leader »). Ça en fait beaucoup ? Meh. En même temps, comme il n’y a pas beaucoup de modèles sur la table et que ces règles spéciales sont basées sur les règles de base, on s’y retrouve facilement. Il y en a pour tous les goûts d’ailleurs. Persos de mêlée ou de tir, assassins cachés, mages (attaque ou support ou les deux). Il y a des « Tanks », des « Glass Cannons » et du support de « Buff » et d’autres de « Debuff ». C’est assez large, comme sélection !

Morrigan, Dark Faction, Sammael

Il n’y a que peu de caractéristiques pour couvrir tous les aspects du jeu (attaque, défense, résistance aux effets néfastes, etc…), mais c’est un point auquel on s’habitue très vite et ça permet justement d’alléger les règles. Petit bémol, le jeu se joue à l’aide d’un d10. D’un seul d10. C’est assez maudit, ça. Facile d’être victime de la malchance ! Fickle fickle !

 Harod, Dark Faction, Azur Alliance

Par contre, il y a des moyens de rouler plusieurs dés grâce à certaines actions ou bonus (ex : on roule deux d10 et on prend le meilleur). Donc à ce niveau, on peut « gérer » la chance un tant soit peu… aussi, selon le niveau de jeu, vous obtenez un nombre de Gnosis Points, qui permettent d’ajouter des dés à un jet plus important. Ces points, vous les récupérez aussi à chaque tour.

On vient de passer au travers du gros des règles, mais on se prépare à entamer le meilleur morceau : la composition de votre liste. Ok, alors donc, chaque personnage fait partie à la fois de l’une des deux "Factions" (Light ou Dark) et de l’une des 5 "Organizations" (The Church, Holy Empire, Samael, Azur Alliance et Wissenschaft). Quand vient le temps de construire une liste, on choisit une Faction ou une Organization. Grosso moddo : une faction regroupe des personnages  qui ont des intérêts personnels similaires et qui s’allient le temps d’y arriver, alors qu’une Organization témoigne plutôt d’un groupe d’individus aux intérêts parfois divergents qui travaillent tous pour une même cause à long terme. À cela, s’ajoute une ultime sixième « Organization », les Wanderers, soit des mercenaires qui peuvent travailler pour toutes les Organizations. De même, une troisième faction Unaligned (ou Neutral) existe, qui peut être combinée avec les 2 autres. Donc on peut avoir une liste Light, Light-Unaligned, Dark, Dark-Unaligned ou même purement Unaligned.

Avec tous ses personnages aux habiletés spécifiques et toutes ces combinaisons possibles de modèles d’origines différentes, il y a beaucoup d’avenues à explorer avec ce jeu. Et ce n’est pas tout ! Bien que chaque personnage soit déjà définit (soit « coulé dans le béton »), le système met à votre disposition des cartes d’équipements (on peut en mettre entre 0-2 par personnages, dépendamment) qui confère généralement un bonus supplémentaire ou une autre petite habileté. Donc, il y a une petite possibilité de "customization" ! Sans oublier les Agents, chaque faction en possède un en terme de règle et deux en terme de figurines. Les Agents sont des archetypes génériques à qui on peut payer quelques options et ainsi ajouter des personnages « sur mesure ». Ils sont généralement faiblards par contre. Dans un univers composé de personnages épiques qui se livre des batailles légendaires, ils sont vraiment des nobody ! L’équivalent d’un « red shirt » de Star Trek !

Genre lui ! Lui là à gauche ! Who the hell are you ?!?

Bon, comme vous le voyez, j’adore la formule d’Anima Tactics. Le livre suggère 5 types de scénarios, avec lesquels les joueurs vétérans de d’autres systèmes seront familiers, soit : baston générale, embuscade/assassinat ou objectifs/zones de contrôle. Une base standard et intéressante, qui ouvre la porte aux parties narratives. Malheureusement encore loin de ce qu’offre Malifaux au niveau des scénarios, mais bon, c’est difficile de battre le King du scénario !

 Romeo Exxet, Light Faction, The Church

Vos tables de jeu, elles, seront de 4x4 ou de 4x3. Il y a un nombre suffisant de règle de terrain pour rendre ça intéressant et qu’il y ait un impact stratégique, sans que ça soit lourd pour autant. Le livre ajoute aussi des règles optionnelles pour jouer sur une grille. Comme ça les habitués de D&D Minis, ou SW Minis ou autre XYZ Minis (alouette !) qui sont déjà habitués à un tel système ne seront pas trop dépaysés.

Finalement, bémol important : ce jeu, bien que très populaire en Europe, ne lève pas fort fort sur la scène montréalaise (si vous êtes un joueur, faites-nous signe !). Trouver des adversaires sera donc compliqué. D’un autre côté, le jeu s’apprend tellement rapidement et on a besoin de si peu de modèles qu’il n’est pas fastidieux de se monter deux listes et de faire découvrir le jeu à son cercle d’amis.

Goethia, Neutral Faction, Wissenschaft

Points forts :
  • Règles simples et linéaires
  • Cheat Sheet efficace déjà fournie
  • Grande diversité de personnages spéciaux, qui peuvent même recevoir des bonifications
  • Système d’activation alternée
  • Skirmish qui ne demande que quelques figurines
  • Système de point d’actions (génériques et spécifiques) qui propose un concept de "cool down"
  • Possibilité de monter sa liste selon une Faction ou une Organization (avec en plus des mercenaires et des espèces de "True Neutral")
  • Possibilité de jouer avec un gallon à mesurer ou une grille
  • Certaines figurines sont fidèles à leur illustration

Points faibles :
  • Difficulté de trouver des adversaires dans la région métropolitaine
  • Quelques artwork vraiment ridicules qui s’adressent clairement à un public de nerds mésadaptés
  • Mensuration des personnages féminins (c’est pas des jokes, y’a les mensurations de chaque pitounes… WTH !?!)

C'est un jeu que j'ai bien hâte de rouler sur une une base régulière. Du moins, "régulière" pour moi ! Je ne connais que peu de joueurs à Montréal, mais j'ai trouvé "une petite talle" de joueurs au Gamers' Vault. Sans compter notre ami touche-à-tout, monsieur Lescarbeau (Du temps constructif). En tant que ressources en ligne, on trouve facilement la panoplie des figurines disponibles, les règles de chacunes et hop, pourquoi pas, quelques photos qui permettent de voir de quoi il en retourne !

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