2013/01/10

Cette incapacité à expliquer ce qu'est le tabletop wargaming


Obtenez-vous comme moi des yeux écarquillés quand vous tentez d’expliquer votre hobby à une connaissance ? Le tabletop wargaming est si peu connu du commun des mortels que souvent on finit par dire : « Ouais, c’est un peu comme Risk… » même si ça ne l’est pas pantoute.

Comme Risk ?! BLASPHÈME!!
Les jeux vidéo sont devenu plutôt mainstream avec le temps ce qui n’est vraiment pas le cas du tabletop wargaming.  Pourtant, notre hobby a de belles qualités : un caractère social plus vivant, plusieurs aspects différents et une créativité plus enrichie.  Si vous êtes un minimum ambassadeur, vous aimez bien  parler de votre passe-temps favori, du temps que vous y investissez et de son caractère original.

En même temps, il faut être prudent quand on veut expliquer ce qu'est le wargaming. Maintenant, je suis convaincu qu’il faut avoir suffisamment de temps et un certain contexte propice pour être en mesure de démystifier le wargaming à un étranger qui n’en connait pas vraiment plus que le Monopoly ou le Scrabble.

Le meilleur exemple m’est arrivé dernièrement. Dans une récente entrevue  en anglais,  mon intervieweur m’a lancé sur le sujet des passe-temps. Voici un extrait de la conversation :
- Tell me what you do for fun ?
- Humm, I like boardgames but I also play at tabletop wargaming.
- At what ?
- Ta-ble-top-war-ga-ming.  This is a hobby with miniatures. I assemble them, paint them and I play with them.

Oui, oui, j’ai dit “I play with them” comme j’aurais dit en parlant de ma fille qui joue avec ses Barbies toute seule dans sa chambre… je voulais être concis, j’ai donc omis d’ajouter : « I organize then into armies and use them in battles against my friends ».

Mais même là, ça aurait été trop vague. Il aurait fallu que j’explique qu'il y a plusieurs jeux différents, dans des univers différents, chacun avec ses livres de règles. Il faut aussi dire que ce n’est pas si inhabituel que ça, avec sa communauté bien établie, avec ses 12-15 magasins juste dans la région de Montréal, ses nombreux tournois et ses conventions. Ensuite, on peut s’avancer et expliquer la multitude de dimensions : la peinture, les conversions, la construction d’armée, les tournois, etc.

Je vous jure : la prochaine fois, je dis que j’aime la lecture! That’s it!

Évidemment, l’une des missions de Club Chaos est de faire connaître le tabletop wargaming au public en général. Nous avons étudier entre autres les possibilités d’intégrer à Chaosludik les jeux de sociétés (boardgames) ou les jeux de rôles pour attirer une clientèle qui par ricochet pourrait s’intéresser aux figurines.

C’est avec la même intention que nous nous invitons dans des conventions comme Otakuthon et ComicCon avec nos kits de démos. C’est le genre d’exercice qui nous permet de piquer la curiosité de nombreux visiteurs mais on ne promulgue pas l’Évangile et ceux qui essaient les jeux ne deviennent pas nécessairement des convertis.

C’est tout de même payant étant donné qu'il est très difficile de parler du tabletop wargaming si vous n’avez pas un certain support visuel pour vous aider. Je pense aux jeux vidéo qu'on évalue entre autres avec leur qualité graphique. Pour le wargaming, c’est bien d’avoir des photos de figurines ou de tables de jeu, mais c’est vraiment le klondike quand vous pouvez avoir une table décorée au complet avec des figurines que les curieux peuvent voir et toucher.

J’en suis aussi à réaliser que le monde du jeu de table est en train de vivre un petit changement. À une certaine époque pas si lointaine, il y avait quatre dimensions bien distinctes : role-playing game,  boardgame, cardgame et miniature wargame. Vous allez peut-être être d’accord avec moi, mais il y a maintenant de plus en plus de jeux hybrides, des jeux qui combinent deux ou trois dimensions.

Pac-Man the Board Game
Pensez aux jeux vidéo populaires qui faisaient une incursion dans les boardgames. Je pense à StarCraft, Doom ou Gears of War, des jeux qui mixaient les dimensions boardgame, RPG et mêmes miniatures. Il y a aussi une nouvelle édition de Dungeon & Dragons qui poussait pas mal sur les figurines, pas seulement sur les livres. Sans oublier Games Workshop qui s’est étendu dans le monde du boardgame avec Horus Heresy, Space Hulk, Dreadfleet.

Magic est resté Magic… et c’est pas sur ce blogue qu'on va s’étendre sur le sujet.

Magic The Gathering: Nouveau look 2013
Je ne suis certainement pas un spécialiste des jeux en général, mais vous allez probablement être d’accord avec moi que le business model est d’utiliser la convergence pour tirer au maximum de revenus d’un univers de fiction. C’est la bonne vieille méthode du produit dérivé et c’est tout à fait normal, surtout quand vous ciblez une large fourchette de clientèle passant du casual gamer au hardcore gamer.

L’objectif étant de réduire l’imperméabilité entre les dimensions, en augmentant la variété de l’expérience de jeu des gamers établis et en ayant accès à de nouvelles clientèles en leur offrant des produits d’entrée qui sembleront plus accessibles que, par exemple, 1500 points de Space Marines. Le but étant tout de même de faire découvrir un monde fantastique et tirer cette clientèle vers votre core business.

Bref, je m’égare un peu. Conclusion : évitez la confusion et ne dîtes pas en entrevue que vous jouez avec des figurines.

1 commentaire:

Benoit Lescarbeau a dit...

Si ça peut te consoler, aux dernières entrevues que j'ai faites, à talent égal, j'ai choisi le gars qui parlait de jeux de stratégie sur son CV (mais lui ne connaîtra jamais mon sombre secret de wargamer).